SAINT BONNET LE CHATEAU (Le mont Saint Michel du Forez)
Le pays de Saint-Bonnet a été habité dès l'époque néolithique. S'y sont succédé Celtes, les Romains et les Francs.Le site a été christianisé aux premiers siècles de notre ère. Jusqu'en 722, l'agglomération gallo-romaine s'appela Castrum Vari, date à laquelle s'arrêta dans la ville le cortège funèbre ramenant de Lyon à Clermont-Ferrand les reliques de saint Bonnet, ancien évêque auvergnat. La ville le prit alors comme « parrain » et devint Saint-Bonnet-le-Castel.On connaît, en 1145, un Guillaume de Saint-Bonnet, témoin avec le comte Guigues II de Forez, l'archevêque de Lyon Amédée, l'abbé d'Ainay Hugues Palatin, Guillaume de Lavieu et Guichard d'Oingt du don d'une terre où se trouvait le prieuré de Jourcey à l'abbaye de Fontevraud. La tombe des membres de la famille de Saint-Bonnet se trouvait au prieuré d'Aurec.
Vers 1200, la seigneurie de Saint-Bonnet-le-château était la plus importante du Forez.Territoire d'un seul tenant, elle avait quatre châteaux : Miribel (à Périgneux), Château-le-Bois (à Saint-Maurice-en-Gourgois), Leignecq (à Estivareilles), et Montarcher pour lequel un hommage avait été rendu au comte du Forez dès 1167. Le territoire était entouré, au nord par les mandements comtaux de Lavieu, Marols, Saint-Marcellin-en-Forez et Saint-Victor-Malescours, et au sud par les mandements seigneuriaux d'Usson-en-Forez, Chalencon, Rochebaron et Cornillon.
Robert de Saint-Bonnet, seigneur de la ville, octroie à la cité en 1223 une charte de privilèges qui attire de nombreux habitants. Les artisans fabriquent des cottes de maille, des couteaux, des limes et d'autres outils et, dès le XIVe siècle, des serrures, des clefs, des grilles à trous renflés, etc. Cette charte a été rédigée en langue d'oc. Une première chapelle existe à Saint-Bonnet mais elle relève de la paroisse de Saint-Nizier-de-Fornas en 1225. Un premier hôpital est construit en 1222.
Au Moyen Âge et à la Renaissance, la petite ville connaît un important essor industriel. Tanneurs, tisserands et surtout travailleurs du fer y sont légion.
Dauphine de Saint-Bonnet (née vers 1222), fille de Jocerand de Saint-Bonnet, héritière de son oncle Robert de Saint-Bonnet (mort en 1239), se maria quatre fois, la première fois avec Guy Damas de Cousan dont elle eut un fils, puis veuve en 1255, avec Guy de Bâgé1, dont elle eut une fille née après la mort de son mari, Sibylle de Bâgé, héritière de la Bresse, qu'elle dut confier à Philippe Ier de Savoie en 1267 qui la maria le 12 juillet 1272 avec son neveu Amédée V comte de Savoie. En 1259, Dauphine se remaria avec Jean de Châtillon. C'est ce dernier qui confirma pour Dauphine les franchises de Saint-Bonnet en 1270. Veuve une troisième fois, Dauphine se remaria en 1271 avec Pierre de la Roue qui reconfirma les franchises de Saint-Bonnet en 1272. Pierre de la Roue mourut avant 1285 sans héritier. Dauphine de Saint-Bonnet est décédée en 1287. C'est son fils du premier lit, Robert Damas qui hérita de Saint-Bonnet, Sibille de Bâgé, comtesse de Savoie, conserva le château de Miribel. Les frères Châtillon, les châteaux de Montarcher et de Leignecq.
En 1291, le comte Jean Ier de Forez racheta pour 8 000 livres viennois Saint-Bonnet en s'engageant à payer les dettes de Dauphine2.
En 1351, Saint-Bonnet devient une paroisse dont le premier curé est Matthieu Bolle et, en 1382, les habitants obtiennent le droit d'enterrer leurs morts à Saint-Bonnet au lieu de Saint-Nizier-de-Fornas.
La guerre de Cent Ans a entraîné la construction des murailles pour défendre la ville contre les Anglais débandés et les brigands à partir de 1357. Six portes permettaient d'entrer dans la ville. Il en reste les portes de la double enceinte du Midi avec l'oratoire et la statue de la Vierge qui est, depuis les épidémies de Peste Noire du XIVe siècle, la protectrice de la ville. L'enceinte va ceinturer la ville jusqu'en 1820.
Devenue seigneurie du comte de Forez, le comte Jean II exempta la ville de l'impôt du vingtain en 1365 car les habitants assurent l'entretien des remparts. Il mourut sans postérité en 1372. Sa nièce Anne (1358-1417), fille de Béraud II, dauphin d'Auvergne, mariée en 1371 à Louis de Bourbon, hérita du comté de Forez. Le comté de Forez entra ensuite dans la famille de Bourbon, jusqu'en 1523. Après le procès perdu par connétable de Bourbon sur l'héritage des ducs de Bourbon, le comté devient la propriété de Louise de Savoie, le comté entra dans le domaine royal à sa mort en 1531. François Ier confirma la charte de franchises en 1536.
Saint-Bonnet-le-Château s’élève sur un plateau à 870 mètres d’altitude, à la porte du pays arverne. La ville se développe à l’époque médiévale puis prospère autour d’activités marchandes aux XVème et XVIème siècles.Les vestiges des fortifications et les belles demeures bourgeoises qui ont traversé les siècles confèrent à Saint-Bonnet-le-Château un grand intérêt historique et architectural.Saint-Bonnet-le-Château doit son nom à saint Bonnet, évêque de Clermont mort à Lyon en 710 au retour d’un voyage à Rome. La tradition veut que ses reliques furent transportées de Lyon à Clermont par la voie d’Aquitaine et que plusieurs paroisses prirent le nom du saint lors de leur passage.
Sous la domination de Rome, la ville aurait porté le nom de Chastel-Vair (Castrum Vari) mais cette appellation qui tend à reconnaître à la ville une certaine importance dès l'antiquité n'est pas prouvée. Le nom chrétien qui lui fut donné trouve son origine dans la translation des reliques de Saint-Bonnet, évêque de Clermont, de la capitale des Gaules vers la capitale de l'Auvergne. L'histoire s'est transmise par la tradition orale, avant que le chanoine La Mure, historien du Forez, ne la couche sur le papier: "Saint-Bonnet, après avoir été grand chancelier de France, succéda à Saint-Avit, évêque de Clermont. Etant allé faire un voyage à Rome, comme il en revenait, il tomba malade à Lyon et y mourut le 15 janvier 719. L'évêque de cette ville voulut garder ses reliques malgré l'insistance du clergé de Clermont qui les réclamait. Ce ne fut que trois après, en 722, qu'il céda à cette demande. Le corps fut transporté processionnellement et comme, de Lyon en Auvergne, il y a plusieurs églises du nom de ce saint, la tradition est qu'elles désignent les stations où on arrêta ses reliques. La quatrième station fut Saint-Bonnet-le-Châtel."
Les différentes portes de la ville au Moyen Âge
Portes de l'enceinte11 :
- Porte Baume ou de Montrond. Elle était l'entrée sud de la ville. Elle est mentionnée en 1361. Elle a été refaite au XVe siècle, mais on peut voir l'amorce de l'arc brisé de la porte du XIVe siècle ainsi qu'une archère murée. La tourette d'angle a été ajoutée à la fin du XVe siècle.
- Porte Mandrin, placée devant la porte de la Châtelaine.
- Porte de la Châtelaine On peut voir un oratoire dédiée à Notre-Dame-de-Bon-Secours au-dessus de l'entrée. La porte est citée en 1372. C'est cette Vierge qui aurait été appelée Châtelaine. La statue de la Vierge date du XVIIIe siècle.
L'oratoire de la porte de la Châtelaine (surnommée "porte de Mandrin") est dédié à Notre-Dame de Bon Secours.
La ville ne comptait pas moins de 6 portes d'entrée
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Vue de la porte Mandrin et la porte de la Châtelaine dans le fond
C’est vraissemblablement au début du XIIème siècle qu’est construit le château fort qui met la ville à l’abri des attaques extérieures. Ce château a aujourd’hui disparu ; le couvent des Ursulines a été construit à son emplacement en 1620.
La Guerre de Cent Ans et les Jacqueries qui marqueront le XIVème siècle conduisent Saint-Bonnet-le-Château à renforcer sa protection.
A partir de 1357, la ville s’entoure de fortifications formées de courtines (murailles) jalonnées de tours circulaires et entourées d’un fossé large et profond. Six portes permettent d’entrer dans la ville, protégées par des ouvrages avancés ou des tours. La ville de Saint-Bonnet-le-Château restera en grande partie contenue dans son enceinte jusque vers 1820.
Le XVème siècle est un siècle de prospérité marchande. Les familles opulentes se dotent d’importantes demeures dont un grand nombre subsiste de nos jours.
En 1400 commence la construction d’une nouvelle église, spectaculairement dressée sur un piton rocheux. La Collégiale - ainsi nommée parce que desservie par une communauté de prêtres sociétaires - connaîtra différents agrandissements au fil des siècles et sera classée au titre des Monuments historiques en 1922.
Le déclin de Saint-Bonnet-le-Château commence en 1562 : le baron des Adrets, chef protestant, s’empare alors de la ville, saccage l’église et en brûle les archives, pille, incendie, massacre.
Le début du XVIIème siècle ne sera guère plus clément : la ville est livrée à des réquisitions et des pillages par les nombreuses troupes de passage et la peste y fait des ravages. Saint-Bonnet-le-Château ne se remettra jamais réellement de ces attaques successives.
La porte Baume, ou Montrond, marquait l'entrée sud de la cité. Elle était précédée d'un pont-levis. Elle fut reconstruite à la fin du XVe siècle. On distingue au dessus du plein cintre actuel l'arc brisé de la porte initiale ainsi qu'une archère murée. L'échauguette ou tourelle d'angle est venue se greffer dans la dernière partie du XVe. Accolés contre la porte Baume, les beaux restes (architrave, pilastre, tympan et voussures de la porte) d'un édifice du XVI situé à l'origine rue A. Jonilhon. Détruit par un incendie, il fut déplacé en 1935.
Armorial de Revel, Saint-Bonnet-le-Château. La muraille était protégée par un fossé empli d'eau de 10 mètres de large et 8 mètres de profondeur.
a ville, qui compte 2000 habitants selon Etienne Fournial dans Les villes du Forez) est exempté du vingtain, une contribution financière pour les travaux de fortifications, mais doit en assurer elle-même l'entretien et la garde. Grâce à ses fortifications, en même temps qu'à sa situation géographique, la ville échappa aux pillages.
il doit son nom à l'archevêque de Lyon, un des chefs de la Ligue qui combattit l'avènement du roi Henri IV.
Le 8 mai 1400, pose de la première pierre de la chapelle basse de la nouvelle collégiale Saint-Bonnet sur le site de l'église du XIIIe siècle grâce à un don fait par un marchand drapier, Jean Taillefer, en 1399. Son exécuteur testamentaire Bonnet Greyset, marchand de fer, fit commencer la construction. L'essentiel de la construction était terminé en 1418.Le XVe siècle est un siècle de prospérité pour la ville. D'importantes maisons sont construites par les familles les plus riches et certaines sont encore visibles.En 1562, le baron des Adrets, chef protestant, s'empare de la ville. Il saccage l'église, en brûle les archives, pille, incendie et massacre.Au début du XVIIe siècle se sont installés des couvents des Ursulines et des Capucins. En 1620 les ursulines s'installent à l'emplacement du château fort qui avait été construit au XIIe siècle. Françoise de Bermond (décédée en 1628), introductrice de l'ordre des Ursulines en France, décide d'y finir ses jours en 1622. Le couvent des Ursulines est le seul qui subsiste à la suite de sa transformation en hospice en 1792. Le début du XVIIe siècle voit la ville livrée aux réquisitions, aux pillages par des troupes de passage et subissant des épidémies de peste. Puis la ville se remet de ces troubles en développant une industrie de serrurerie.En 1754, le célèbre contrebandier Mandrin passa à Saint-Bonnet en rançonnant les notables et les employés de la Ferme. Une porte ancienne rappelle son passage.La Révolution de 1789 toucha Saint-Bonnet comme partout en France. La ville s'appelle alors Bonnet-la-Montagne À la fin du Premier Empire, les Autrichiens occupèrent la ville. Au XIXe siècle, la ville, restée cinq siècles centre important de serrurerie, connaît un nouvel envol en se tournant vers l'armurerie. Les industries prospèrent grâce à l'arrivée du chemin de fer en 1873.
Avec sa nef à trois vaisseaux, ses six travées et son chœur terminé par une abside à pans coupés, la Collégiale de Saint-Bonnet-le-Château emprunte beaucoup à l’Abbaye de la Chaise-Dieu et présente une architecture locale en gothique forézien. Dans la nef centrale, les peintures entourant les clés de voûte jusqu’au chœur ont été particulièrement bien restaurées selon le décor d’origine.
La construction de l'église à débuté a la toute fin du XIVème siècle, mais la cérémonie officielle de pose de première pierre s'est déroulée le 8 mai 1400, comme en témoigne l'inscription en latin et lettres gothique de la chapelle basse.
La chaire* de bois, avec ses panneaux dorés et ses personnages sculptés représentant Jésus dans le Temple, les quatre Evangélistes, et le Bon Pasteur avec sa brebis, retient l’attention, de même que, dans le chœur, le maître autel en marbre* datant de 1815. Les vitraux d’origine ont malheureusement disparu pendant la Révolution. A la fin du XIXème siècle, autour de 1885, trois artistes lyonnais réalisent de nouveaux vitraux, le verrre provenant de Saint-Just sur Loire et de Saint-Galmier, deux villes de la plaine du Forez.
La confrérie de Saint-Eloi, qui regroupait les serruriers de la ville, a fait construire la deuxième chapelle au sud. Son retable* baroque date de 1672.
Au fond de l’église, côté nord, une grande dalle porte l’inscription suivante : “ Ici repose Pierre Maisonneuve capitaine perpétuel de la Confrérie de saint-Eloi ”, enseveli ici en 1655.
C’est à lui que la tradition prête l’introduction de la serrurerie à Saint-Bonnet-le-Château. Jusqu'au XIXème siècle, ce sera l'activité principale de la ville, supplanté après l'arrivée du chemin de fer en 1873 par les activités d'armurerie.
Pierre Maisonneuve gît dans l’un des vingt-deux caveaux installés sous les dalles pour abriter les restes des prêtres sociétaires et de bienfaiteurs de l’église. Située sous la Collégiale au sud, la Chapelle basse* (ou crypte) renferme l’un des plus beaux ensembles de peintures murales de la Loire.
On ne quittera pas la Collégiale sans admirer, au fond de la nef centrale de droite, une ancienne porte blindée cloutée dotée d’une serrure d’art Louis XV en orbevoie (superposition de deux feuilles de métal ajourées).
Les murs de la Chapelle basse de la Collégiale sont entièrement recouverts de peintures murales restaurées datant du premier quart du XVème siècle.
Elles constituent l’un des témoignages les mieux conservés de l’activité artistique sous les ducs de Bourbon et illustrent par de nombreux détails la vie quotidienne au XVème.
On admirera l’originalité et l’éclat du concert d’anges avec huit instruments.
Cette chapelle dédiée à la Vierge et à Saint-Michel regroupe douze scènes, toutes extraites du Nouveau Testament. Le côté sud représente la vie, son pendant nord la mort, dualité arbritrée par la scène majeure, les huit anges musiciens de la voûte, merveilleusement conservée. Huit anges musiciens qui semblent danser dans leur drappés mouvementés et deux coeurs d'anges chanteurs qui entonnent à l'est le Gloria et à l'ouest le Gaudeamus.
Le duc de Bourbon, le bon duc Louis II a sans doute commandité ces fresques. L'on retrouve ses armes ainsi que sa devise "Esperance" au centre de la fresque de la voûte et sur les ceintures encadrant chacun des anges musiciens. Les anges musiciens justement, très certainement un clin d'oeil de l'artiste aux prêtres sociétaires qui pour intégrer le Collège de l'époque se devaient absolument d'être musicien ou chanteur, telle était la particularité du Collège de prêtres de Saint-Bonnet le Château. Cette singularité conféra à la ville un rayonnement culturel très important. Le collège sera dissout pendant la Révolution Française.
Dans la collégiale Saint-Bonnet, un caveau contient une trentaine de squelettes découverts en 1837. Ils conservent une chair parcheminée collée à la charpente osseuse avec, çà et là, un bout de toile fine laissant supposer qu'il pourrait s'agir de nobles. La science attribue cette conservation à la composition du sol qui contient certains éléments favorables, particulièrement de l'alun et de l'arsenic. Au moment de leur découverte la population, d'instinct, leur donna le nom de « momies ».
En 1837, l’ouverture fortuite d’un caveau sous une dalle de la Collégiale met au jour une trentaine de corps parfaitement conservés.
Improprement appelés momies, ils doivent leur excellente conservation non à une technique d’embaumement, mais à la présence d’alun et d’arsenic dans le sol.
Tout un tas d'hypothèses ont été soulevé afin de révéler le mystère des "momies" : pestiférés emmurés pendant la terrible peste noire qui sévit au XIVème siècle, fosse commune, mais la légende urbaine favorite préférait l'histoire du sanguinaire baron des Adrets. La légende racontait donc que ces corps n'étaient autres que des victimes du terrible chef protestant, notables catholiques emmurés vivants pendant les guerres de religions par les troupes de François de Beaumont, arrivées en ville en 1562.
Ce n'est qu'en 1997 que la vérité fut rétablie grâce à des datations carbone 14, attestant que les corps datent du XVIIème siècle, écartant ainsi toutes les hypothèses précédentes ! Le mystère reste donc entier..
On peut y voir un géant, un bossu, des femmes et un enfant.